Cet article présente les résultats clés tirés de l’analyse transversale de 13 expériences d’innovation agricole menées au Bénin, au Kenya et en Afrique du Sud. L’évaluation a utilisé un cadre analytique commun inspiré de l’approche systèmes d’innovation pour comprendre comment l’innovation a évolué au fil du temps via les interactions entre différents acteurs et sous l’effet d’éléments déclencheurs et moteurs internes et externes.
Une analyse de trajectoires d’innovations agricoles au Bénin observées dans la longue durée permet d’en identifier les facteurs de diffusion à grande échelle. Beaucoup d’innovations passent inaperçues sur de longs tronçons de leur trajectoire, étant endogènes ou impliquant des acteurs non « conventionnels » et pas d’organisations de recherche. Les innovations qui passent à grande échelle sont en fait des faisceaux d’innovations technologiques, institutionnelles ou organisationnelles qui s’enchaînent les unes en réponse aux contraintes des autres.
L’agriculture de conservation (AC) obéit à trois principes : travail du sol minimal, couverture du sol permanente et multiculture. Partant de ses avantages avérés pour l’écologie du sol, la séquestration de carbone et son adoption massive dans quelques régions du monde, elle est présentée par ses promoteurs comme un système durable convenant à tous contextes. Dès lors elle a été mondialement diffusée au nom du développement durable.
La notion de service écosystémique est devenue incontournable dans les discours institutionnels et académiques en dépit des controverses et des critiques. Initialement portée par les acteurs de la conservation de la biodiversité, elle connaît depuis plusieurs années un déploiement dans les milieux agricoles. Si l’idée selon laquelle les fonctionnalités des écosystèmes sont déterminantes dans la production agricole n’est pas nouvelle, cette notion permet de mettre en évidence les nouveaux enjeux liés aux changements climatiques et aux besoins alimentaires croissants.